Le thème des conférences peut varier d'une année à l'autre. CAHR 2019 était surtout destinée au besoin de travailler ensemble avec les premières nations et les personnes autochtones.

 Dans le domaine du VIH, on entend souvent parler de conférences scientifiques aux noms mystérieux: CROI, CHAR, IAS… Quand ces conférences ont lieu, les médecins sont soudainement absents du bureau, les organismes communautaires partagent des publications sur les réseaux sociaux à ce sujet et les médias s’intéressent soudainement au VIH/sida. Mais… Que se passe-t-il vraiment dans ces conférences ? Pourquoi sont-elles si importantes ? Le PVSQ était à CAHR 2019 (pour ses sigles en anglais Canadian Conference on HIV/AIDS Research)  le mois de mai dernier, et nous allons essayer d’utiliser cette expérience pour tenter de répondre à toutes ces questions.

Les conférences peuvent être organisées par des universités, des associations de recherche ou d’autres collectivités liées à la recherche ou à la communauté. Elles peuvent porter exclusivement sur un sujet (le traitement, les vaccins, les sciences sociales, l’épidémiologie, etc.) ou bien être transversales sur tous les sujets reliés au VIH. Notamment, CAHR est la conférence annuelle mise sur pied par l’association de recherche canadienne sur le VIH (vous pouvez lire le compte rendu fait par la COCQ ici). Chaque année, CAHR réunit des centaines de personnes intéressées par le VIH et qui travaillent dans le domaine. On y trouve des chercheurs universitaires : certains commencent leur doctorat, mais d’autres font de la recherche sur le virus depuis le début de l’épidémie. Les professionnels de la santé (pharmaciens, médecins, infirmiers, etc.) intéressés par la recherche ou souhaitant améliorer leurs pratiques font également partie du public habituel des conférences comme CAHR.

Dans le cas des conférences portant sur le VIH, la présence d’activistes, d’organismes communautaires et des personnes vivant avec le virus est également très importante. Historiquement, l’activisme dans le cadre de ces conférences a permis de pousser la communauté scientifique, les gouvernements et les compagnies pharmaceutiques à faire avancer les traitements et la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. Dans les années 80 et 90, cet activisme a été particulièrement important. Sa médiatisation a permis aux personnes vivant avec le VIH d’être entendues par les décideurs et chercheurs. Pour mieux comprendre l’ampleur et la portée de l’activisme de la lutte contre le sida, nous vous invitons à lire cet article portant sur le rôle de la 5e Conférence internationale sur le sida qui a eu lieu à Montréal en 1989. 

  Mais que font toutes ces personnes lors des conférences ? Ils écoutent surtout. Une bonne partie de la journée consiste à assister aux présentations de ses pairs. Celles-ci peuvent être plénières : tous les assistants y sont invités et il n’y a pas d’autres présentations prévues au même moment. Les conférenciers des plénières sont souvent des experts reconnus dans leur champ de recherche. À CAHR 2019, par exemple, une plénière a été organisée pour chaque champ de recherche couvert lors de la conférence : sciences socialessciences cliniquessciences fondamentales et épidémiologie et santé publique .

  Le reste de la journée est destinée à des présentations plus courtes et qui se tiennent simultanément dans différentes salles. Les participants doivent alors décider quelles présentations peuvent être plus utiles pour leur  travail ou leur intérêt personnel. Finalement, quelques projets sont aussi présentés sous forme d’affiches scientifiques. Les assistants à la conférence peuvent se promener entre les affiches et connaitre différents projets en un coup d’œil. Quelques compagnies privées, surtout de pharmaceutiques, commanditent d’autres présentations qui peuvent avoir lieu avant ou après la programmation officiel de l’événement ou bien lors des pauses-repas. D’autres formats de conférences existent aussi, car tout dépend de l’envergure et des objectifs de l’événement. Toutefois, le trio plénières, présentations d’abstracts et présentation d’affiche est la formule la plus répandue.

  Finalement, vous l’avez bien deviné, les conférences scientifiques servent aussi à tisser des liens entre les participants : vive le réseautage! Les groupes de recherche transnationaux ou internationaux en profitent pour se rencontrer et tenir leurs réunions ou leurs assemblées générales. Le réseautage permet de préparer de possibles futures collaborations en facilitant de cette façon la création de recherches transcanadiennes ou internationales.

  Les projets présentés aux conférences sont dans la majorité des cas sous embargo : les résultats ne peuvent donc pas être rendus publics avant la conférence. Ainsi, les résultats des grandes études sont souvent dévoilés lors des conférences. C’est le cas des résultats de l’étude PARTNER qui a permis de confirmer qu’une personne qui vit avec le VIH, prend ses traitements et devient indétectable ne peut pas transmettre le virus à ses partenaires sexuels. Les résultats de la deuxième phase de ce projet ont été présentés en 2018, lors de la grande conférence internationale (donc avec des participants venus de partout dans le monde) IAS à Amsterdam. C’est à ce moment que les médias ont commencé à parler plus ouvertement du message indétectable égale intransmissible. On considère aussi cette conférence comme celle où la communauté scientifique a adhéré au message clé. Les conférences scientifiques permettent donc de créer ou solidifier des consensus (ou des polémiques !) dans la communauté scientifique de façon publique. Un consesus qui, dans l’idéal, devrait être partagé avec le reste de la communauté et les personnes qui vivent avec le VIH.

Quelques questions…

– Est-ce que les conférences sont ouvertes au grand public ?

Très souvent, les conférences en VIH sont ouvertes aux organismes communautaires et aux personnes vivant avec les VIH. Toutefois, les prix des entrées peuvent être très élevés (entre 300 $ et 1000 $). Il y a généralement des bourses destinées aux personnes vivant avec le VIH ou les travailleuses et travailleurs des organismes communautaires. Ces bourses peuvent couvrir le coût des billets, le transport ou les deux. Elles sont annoncées quelques mois à l’avance sur le site Internet des conférences. Les sessions plénières sont parfois rendues publiques sur Internet. Certaines grandes conférences internationales organisent aussi des événements ouverts au grand public.

– Comment rester à l’affût ?

Les organismes communautaires sont attentifs à ce qui se passe lors des conférences et vont souvent relayer l’information dans leurs réseaux sociaux. La COCQ-SIDA par exemple assiste presque chaque année à la conférence internationale IAS et à CAHR. Sur le site web du Programme national de mentorat en VIH et hépatites (PNMVH) on peut aussi voir les conférences, symposiums et ateliers à venir au niveau canadien et international.