Mise en garde de contenu : Nous ne faisons pas la publicité d’un produit, noussouhaitons donner des informations sur cette nouvelle offre de traitement pour les PVVIH. Rien ne peut remplacer l’avis d’un·e professionnel·le de santé pour ce qui concerne votre santé et votre traitement.
Une arrivée attendue
Nous en avons entendu parler depuis plusieurs mois déjà, à partir de l’été, un nouveau traitement qui change la donne pour les PVVIH sera disponible. Le laboratoire Viiv Healthcare a obtenu l’approbation pour sa bithérapie injectable en mars dernier. Ce traitement, le Cabenuva® est la combinaison d’un inhibiteur de l’intégrase, le cabotégravir et d’un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI), la rilpivirine.
Ce traitement marque un grand changement pour les PVVIH. En effet, si les molécules sont connues, c’est la méthode de prise qui fait la différence. Il s’agit pour les patient·e·s de rencontrer une fois par mois un·e professionnel·le de santé pour recevoir une injection intramusculaire dans chaque fesse, et… c’est tout.
Concernant les prises en charge, Viiv Healthcare est en discussion avec le gouvernement et les systèmes d’assurance maladie pour un remboursement prévu au courant de 2021. Dans un premier temps, seules les personnes avec des assurances privées ou en mesure de payer la totalité du traitement pourront y avoir accès.
Penser à son traitement moins souvent était le souhait de nombreuses personnes qui vivent avec le VIH et qui prenaient jusqu’à maintenant au minimum un comprimé par jour à chaque jour. Dans notre recherche Accès +, plusieur·e·s participant·e·s ont évoqué cette difficulté de la fatigue du traitement, de la lassitude de devoir prendre une pilule par jour à vie. Penser à son traitement chaque jour replonge certaines PVVIH dans “le vécu de la maladie” et nombre d’entre elleux souhaite s’en distancier. Grâce à ce traitement, ce serait simplement une fois par mois. Imaginez ce changement, quasi révolutionnaire pour ces personnes.
Un passage contrôlé vers l’injectable
Attention, le changement d’un traitement en comprimés à un traitement par injections ne se fait pas d’un jour à l’autre. Avant de commencer le Cabenuva®, il faut tout d’abord faire un suivi avec son·a professionnel·le de santé. Iel doit s’assurer que le·a patient·e accepte de se soumettre aux injections chaque mois. Iel doit également l’informer que, pour mettre toutes les chances de son côté, le·a patient·e devra respecter précisément le calendrier des injections prévues. Manquer une injection expose les PVVIH à un risque de rebond virologique et à l’apparition de résistances.
Ensuite, les patient·e·s doivent prendre un traitement par voie orale pendant une période d’au moins 28 jours pour être sûr·e·s qu’il n’y a pas d’allergies ou d’effets indésirables trop importants. Ce traitement en comprimés est aussi utilisé en cas d’oubli ou de trop long délais dans le rythme des injections et ce pour maintenir une un effet constant sur le virus.
De plus, ces traitements ne sont pas recommandés pour les PVVIH qui ont développé une résistance au cabotégravir, au dolutégravir (un parent du cabotégravir) ou encore à la rilpivirine, c’est à voir avec son·a professionnel·le de santé. Cette bithérapie n’est pas non plus adaptée pour les personnes enceintes ou souhaitant le devenir. Enfin, les études n’ont été faites que sur des patient·e·s de plus de 18 ans. Pour le moment ce traitement n’est donc pas conseillé pour les plus jeunes.
Réactions des premier·e·s patient·e·s
Deux études sur plus d’un an ont été menées afin de valider ce traitement, les études ATLAS et FLAIR. Pendant ces études les patient·e·s ont rapporté plusieurs effets indésirables tels que :
- troubles dépressifs
- hépatotoxicité (toxicité au niveau du foie)
- fièvre/sensation de chaleur
- sensation de fatigue ou de faiblesse
- manque d’énergie
- maux de tête
- douleurs musculaires
- maux de cœur (nausées)
- troubles du sommeil (difficulté à s’endormir ou à rester endormi)
- étourdissements
- éruption cutanée (légère)
- diarrhée
Ces effets ne sont pas présents chez tous·tes les patient·e·s mais ont été notés lors des essais cliniques. Il est nécessaire d’en discuter avec son·a professionnel·le de santé avant la prise du traitement ou pendant la prise s’ils apparaissent.
À cela on peut ajouter les retours des PVVIH sur les injections en elles-mêmes. De nombreux·ses patient·e·s (80%) ont expérimenté de grosses douleurs ainsi que des rougeurs à l’endroit des injections et un engourdissement allant de quelques minutes à plus d’une journée après l’administration du produit.
Il semblerait qu’à plus long terme les PVVIH y voient plus de bénéfices que d’inconvénients puisque aucun·e·s n’ont quitté les études pour ces raisons. Pourtant ce sont des facteurs à prendre en considération dans la prise de décision. Notons que les personnes qui ont suivi l’étude étaient des personnes intéressées à diminuer leur prise de traitement. Elles sont donc plus susceptibles d’accepter les effets indésirables pour obtenir le résultat souhaité, à savoir diminuer sa prise de traitement.
Une offre supplémentaire
Cette nouveauté représente un véritable changement dans l’accompagnement des PVVIH. Pourtant ce n’est pas un produit fait pour tous·tes. Il nécessite d’être particulièrement observant·e quant à sa prise. En effet, il n’y a qu’une fenêtre de 7 jours pour recevoir la dose de traitement, sinon les patient·e·s risquent de s’exposer à un rebond viral et donc à un risque de transmission.De plus, ce type de traitements nécessite un suivi médical strict.
Des barrières structurelles ?
La bithérapie injectable de Viiv Healthcare est réellement une bonne nouvelle dans le monde du VIH. Pourtant, les injections ne peuvent être réalisées que par un·e professionnel·le de santé. Cette méthode d’administration fait que les PVVIH qui suivent ce traitement devront se rendre une fois par mois dans leur clinique de suivi afin de recevoir les injections. Dans un système de santé qui est déjà très occupé, (sans même parler de la pandémie que nous vivons actuellement) on peut se demander comment cela va s’organiser. Dans les grands centre urbains, l’offre de services médicaux est assez importante, dans les régions plus éloignées cela risque de se passer différemment. Nous avons déjà abordé ces difficultés dans un article précédent.
En réponse à ces barrières, Viiv Healtcare a évoqué la possibilité de renforcer à leur frais les effectifs afin que les suivis soient faits et les patient·e·s rejoint·e·s grâce à un programme de support. Nous en saurons plus dans les mois à venir.
Lorsque ce produit sera une réalité pour un nombre conséquent de PVVIH et qu’il sera pris en charge par les systèmes d’assurance maladie nous pourrons alors dresser un bilan plus complet de son impact dans le quotidien des PVVIH.
Pour plus d’informations n’hésitez pas à consulter la monographie du produit qui explique en détail ce qu’est ce traitement et à vous renseigner auprès de vos professionnel·le·s de santé.
Le Portail reste également à votre disposition pour toutes questions ou commentaires, contactez-nous à info@pvsq.org. Pour du soutien vous pouvez écrire à intervention@pvsq.org.
Références
Johnson and Johnson, (20 mars 2020), Janssen Announces Health Canada Approval of CABENUVA™, the First Long-Acting Regimen for the Treatment of HIV, Récupéré de https://www.jnj.com/janssen-announces-health-canada-approval-of-cabenuva-the-first-long-acting-regimen-for-the-treatment-of-hiv [21 avril 2020].
Viiv Healthcare. (18 mars 2020). Monographie de produit avec renseignements destinés aux patients VOCABRIA, CABENUVA et Rilpivirine en suspension injectable à libération prolongée, agent antirétroviral. https://viivhealthcare.com/content/dam/cf-viiv/viiv-healthcare/en_GB/files/CABENUVA-VOCABRIA_18-Mar-2020-French.pdf [21 avril 2020].