Dans nos vies de tous les jours, on utilise souvent les statistiques pour brosser le portrait global d’une situation ou d’un phénomène. Lorsqu’on les applique à notre santé, les statistiques peuvent aussi devenir des outils intéressants pour estimer nos risques de contracter ou de transmettre une ITSS. Par exemple, si je sais qu’un comportement X est associé à un niveau de « risque faible » ou à un taux de transmission de 1 sur 10 000, cela peut m’aider à définir si je suis à l’aise avec ce comportement, ou pas. C’est précisément le rôle de ces mesures : elles servent à guider nos réflexions et à éclairer nos choix.
Toutefois, lorsqu’on quantifie un risque et qu’on le réduit à un simple pourcentage, on le sépare du contexte dans lequel on existe. Il est impossible de connaitre tous les facteurs qui ont une influence sur une situation particulière : si une transmission est bel et bien liée à un événement ou à un comportement précis, elle dépend aussi de ta santé, de celle de tes partenaires, de la situation, et de l’infinité de forces et de vulnérabilités spécifiques que cela sous-entend. C’est pourquoi il n’est jamais théoriquement possible d’affirmer qu’un risque est égal à zéro et que, si une situation t’inquiète, le dépistage demeure le meilleur moyen de te renseigner sur ton état de santé.
De plus, comme les chiffres sont souvent assez abstraits, ça devient vraiment difficile à la fois de tracer une frontière nette entre un niveau de risque acceptable et un niveau qui ne l’est pas, mais aussi d’affirmer que ce qui est tolérable pour moi l’est aussi pour les autres. Concrètement, la perception de ce qui est ou de ce qui n’est pas acceptable pour toi dépendra toujours de tes valeurs personnelles, et cela t’appartient complètement. Cependant, cela peut être plus facile pour toi de définir tes valeurs fondamentales en discutant avec une autre personne, alors n’hésite pas à demander du soutien si tu en ressens le besoin.
En somme, ta vie et ta situation ne peuvent pas dans la réalité se réduire à un simple chiffre; les statistiques représentent un outil parmi beaucoup d’autres, et elles peuvent t’aider dans tes réflexions sur le risque, mais il faut garder en tête qu’elles ne représentent pas des certitudes. Si certains aspects d’une situation te semblent moins clairs ou te font douter, tes professionnel·les de la santé seront toujours là pour répondre à tes questions et pour t’aider dans tes réflexions.
Pour en savoir plus :
Ressources web du gouvernement du Québec sur les ITSS : https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/depistage-et-offre-de-tests-de-porteur/depistage-des-itss/#c776
Références :
Institut national de santé publique du Québec (2016). La gestion des risques en santé publique au Québec : cadre de référence. Auteurs : Valérie Cortin, Lise Laplante, Marc Dionne et al. Montréal : INSPQ, 87p.
Institut national de santé publique du Québec (2014). Rapport sur la mise à jour des indications de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang : rapport de recherche. Direction des risques biologiques et de la santé au travail, Montréal : INSPQ, 154p.
Massé, R. (2007). Le risque en santé publique : pistes pour un élargissement de la théorie sociale. Sociologie et sociétés, 39 (1), 13–27. https://doi.org/10.7202/016930ar
Article écrit par Jade Vincent, coordonnataire de recherche.