Une nouvelle possibilité: l’autotest !

Dans quelques semaines, l’auto-test de dépistage du VIH que l’on attendait, va arriver au pays. Offrant une nouvelle option pour les personnes qui souhaitent connaître leur statut sérologie, l’auto-test promet une révolution! 

L’auto-test, qu’est ce que c’est ? 

L’autodépistage du VIH est une méthode qui consiste à prélever sur soi-même un échantillon de sang ou de salive et de l’utiliser afin de connaître son statut sérologique. Le test interprète seul le résultat. Cela peut se réaliser de manière autonome par les personnes qui le souhaitent.

Plus de 70 pays ont déjà approuvé ce genre de test, nous attendions toujours que le Canada suive la même voie. À l’automne de cette année, cela va finalement être possible. 

Il existe pour le moment deux types d’auto-tests sur le marché, dont un qui utilise la salive appelé Oraquick®. Celui-ci est en cours d’analyse par Santé Canada et sera certainement approuvé courant 2021. Le second, celui qui est en phase d’approbation pour l’automne prochain, utilise une goutte de sang prélevée au bout du doigt et s’appelle le test INSTI®.

Les résultats sont très rapides, quelques minutes environ et sont probants, dès 3 semaines après l’exposition au VIH. 

Le mode d’emploi est très complet, en plus des schémas ci-dessous, on peut y trouver des liens vers des lignes de soutien et organismes communautaires ou encore un code QR donnant accès à une vidéo montrant l’utilisation du test. Vous pouvez retrouver ci-dessous des extraits du mode d’emploi de ce test.

Les avantages de l’auto-test

Ce nouvel outil de dépistage est déjà utilisé dans de nombreux pays. Il apporte une nouvelle opportunité aux personnes qui n’utilisent pas les services traditionnels de dépistage du VIH. Réaliser le test soi-même le rend plus accessible et permet de réduire les obstacles liés à la stigmatisation. Chaque personne peut prendre le temps de le réaliser dans les conditions qui lui conviennent. 

Les études faites autour de l’autotest ont prouvé que les personnes cibles telles les HARSAHGB, les UDI sont plus à l’aise d’y recourir.  

L’autre avantage est l’accès à des résultats rapides à la différence des tests traditionnels qui prennent plusieurs semaines. 

L’autotest s’adapte donc aux différentes réalités et besoins des personnes qui souhaitent connaître leur statut sérologique. 

Quelles difficultés ? 

Malgré les avantages de cette méthode et les opportunités qu’elle offre, il est important de rester vigilant·e à certains enjeux. D’abord, il y a son coût. Les autorités de santé canadiennes sont en train de s’accorder avec les représentant·e·s pharmaceutiques afin de fixer le futur prix de l’INSTI®. Nous ne savons pas pour le moment si le test sera facilement accessible pour la majorité des personnes. Fixer un prix trop élevé pourrait contrer les avantages d’accessibilité pour le grand public. Nous réclamons que le gouvernement prenne en charge ces tests afin de les rendre accessibles à toustes. 

Des études menées aux États-Unis ont rapporté la crainte des usager·e·s de voir utiliser l’autotest à des fins illégales ou de coercition. Restons donc vigilant·e·s afin de s’assurer que personne ne puisse utiliser ces tests pour renforcer la stigmatisation contre laquelle nous nous battons chaque jour. 

Enfin, on peut s’inquiéter du manque de soutien aux personnes qui réalisent l’autodépistage. Si le résultat positif est obtenu à la maison, qui peut nous accompagner dans le processus ? Cela nécessite donc de réfléchir collectivement à certaines solutions. 

Comment apporter du soutien aux usager·e·s

À partir du moment où il va être approuvé officiellement, une plateforme d’accompagnement en ligne, anonyme et avec application mobile va être mise en place.  Ce site va regrouper des informations sur le test et son utilisation mais va aussi mettre les personnes en contact avec des pair·e·s aidant·e·s. Ces personnes qui vivent avec le VIH seront disponibles pour répondre aux questions des usager·e·s et pour les accompagner dans les étapes suivant un diagnostic positif au VIH. Il a été prouvé que la possibilité de parler avec des personnes qui vivent le même genre de situations que soi permet de réduire l’anxiété liée à l’annonce du diagnostic. De nombreux programmes d’accompagnement par les pair·e·s sont utilisés ces dernières années dans les recherches et dans les organismes communautaires. 

Les organismes, comme le Portail et ses partenaires vont aussi avoir un rôle important à jouer dans l’adaptation à cette nouvelle forme de dépistage. Nous allons pouvoir offrir des formations mais aussi un espace sécuritaire pour les personnes afin qu’iels puissent réaliser leur test. Nous pourrons proposer du counseling suite aux résultats afin de rediriger vers les services adéquats pour effectuer un test de confirmation mais également par rapport à la PrEP ou à la PPE si la situation s’y prête. 

Où va t-on pouvoir se procurer les autotests ? 

Même si rien n’est encore définitif, il semblerait que les kits seront vendus au Canada dans les pharmacies. Cependant, d’autres méthodes de distributions sont envisagées. Certaines d’entre elles semblent vraiment pertinentes pour rejoindre un public le plus diversifié possible telle que la possibilité de retrouver les kits dans des distributeurs à des endroits stratégiques (à l’abord des saunas ou des lieux de rencontre par exemple). 

Proposer une distribution de ces tests par les pair·e·s elleux-mêmes, pourrait permettre un meilleur accès. Un étude faite en Californie a proposé ce type de distribution contre rémunération des équipes de distributeur·trice·s. Les résultats ont été très concluants, notamment auprès de populations plus marginalisées. Profitant des réseaux des pair·e·s distributeur·trice·s issu·e·s des communautés HARSAHGB racisées, latino-américaines ou encore trans, cela a permis au programme de rejoindre bien plus facilement des personnes qui n’ont pas recours au dépistage classique du VIH. 

On peut aussi penser à l’envoi de trousses de dépistage par courrier à des personnes qui en auraient fait la demande en ligne. Cela permettrait de rejoindre celleux qui ont peur de vivre de la stigmatisation tout en respectant leur désir de confidentialité. 

Nous attendions l’autotest depuis un moment au Canada, et nous sommes ravi·e·s de savoir que cette nouvelle possibilité va pouvoir enfin être offerte à partir de l’automne 2020. Nous attendons toujours les détails concernant le prix et l’accessibilité réelle de ces kits. 

En attendant l’approbation finale et la mise sur le marché, si vous avez des questions à propos du dépistage en général, de l’autotest en particulier ou de tout autre sujet en lien avec le VIH et les ITSS, n’hésitez pas à nous contacter à intervention@pvsq.org

Références

  • REACH, (5 août 2020). Quelle allure pourrait prendre l’autodépistage du VIH au Canada ? [webinaire].