Depuis quelques décennies, les scientifiques spécialisé‧es dans le domaine du VIH sont à la poursuite d’un objectif : stimuler le système immunitaire afin de créer des anticorps qui seraient capables de neutraliser le VIH et ses différentes souches. Plusieurs essais cliniques ont été réalisés, mais aucun vaccin ne s’est montré assez efficace pour en faire la distribution. Avec la mise en marché rapide du vaccin contre la COVID-19, il est pertinent de se demander pourquoi le vaccin contre VIH tarde à être rendu disponible .
En premier lieu, le VIH et le SARS-CoV-2, le virus de la COVID-19,sont deux virus qui ont plusieurs différences. Le VIH est un virus qui attaque et affaiblit le système immunitaire. Une fois présent dans les cellules, le système immunitaire ne peut pas enrayer à lui seul le virus. Par contre, face à l’infection du SARS-CoV-2, le système immunitaire est capable de produire des anticorps qui seront en mesure de reconnaître le virus et d’empêcher l’infection des cellules humaines.
Une dizaine de variants reliés à la COVID-19 existent et sont surveillés de près, parce qu’ils pourraient éventuellement affecter l’efficacité des vaccins. Dans le cas du VIH, les variants sont présents par milliers et sa vitesse de mutation dans le corps est très importante. En bref, le virus du VIH a toujours une longueur d’avance sur le système immunitaire qui reconnaît et produit les anticorps tardivement.
La recherche d’un vaccin contre le VIH est donc plus complexe et laborieuse. Cependant, mentionnons que les fonds ont été débloqués très rapidement pour la COVID-19 car c’est un virus qui se propage très rapidement dans la population générale. Les efforts de développement d’un vaccin contre la COVID-19 ont connu un grand succès entre autres parce que les réseaux de recherches et les infrastructures destinés au VIH se sont concertés pour accélérer le processus d’essais cliniques. Dans le cas du VIH, les fonds sont plus difficiles à trouver parce que c’est un virus qui, dans les perceptions communes, n’affecte que les personnes marginalisées. Qui sont-elles ? Les hommes gais et bisexuels et autres hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), les personnes vivant dans un pays où le VIH est endémique, les personnes racisées, les personnes immigrantes, les personnes utilisatrices de drogues, les personnes incarcérées ou en détention et les travailleur‧euses du sexe. Ce sont des personnes qui peuvent être victimes de jugements stigmatisants par rapport à leurs comportements. Cependant, rappelons que le VIH touche tout le monde, mais ce sont les communautés les moins privilégiées qui souffrent du manque d’accès aux soins. À ce jour, 37 millions de personnes vivent avec le VIH et 10 millions d’entre elleux n’ont pas accès au traitement antirétroviral. Pour cette raison, le vaccin reste le meilleur outil pour diminuer les nouveaux cas d’infections.
En d’autres termes, l’expérience de recherche pour le vaccin contre le SARS-CoV-2 nous apprend que la découverte d’un vaccin contre le VIH serait possible, mais cela prend un engagement financier et politique fort. Pour y arriver, il est primordial d’impliquer les communautés concernées dans ces recherches.
Où en sommes-nous ?
Plusieurs essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité d’un vaccin contre le VIH. D’abord, la compagnie Johnson & Johnson finance présentement deux essais cliniques en phase avancée. Les scientifiques testent un vaccin ayant la même technologie que celui contre la COVID-19, c’est-à-dire en utilisant un vecteur viral, l’adénovirus, qui transporte des informations génétiques capables de susciter une réponse immunitaire contre plusieurs souches du VIH. L’essai baptisé Imbokodo est actuellement réalisé auprès de 2600 femmes en Afrique subsaharienne. Le deuxième essai nommé Mosaiko est actuellement testé auprès de 3600 hommes et personnes trans aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe.
En plus de ces essais cliniques en cours, un nouvel espoir émerge grâce à l’organisation de recherche scientifique IAVI et l’institut de recherche Scripps Research. Pour l’instant, la phase I de l’essai clinique testant une nouvelle approche pour prévenir le VIH a des résultats prometteurs. Le but du vaccin est de stimuler la production d’anticorps largement neutralisants (bNAbs) en ciblant les lymphocytes B naïfs. Les lymphocytes B sont les globules blancs qui sont capables de fabriquer les anticorps servant à nous protéger contre la présence de virus dans le corps. En exposant à répétition les lymphocytes B naïfs au vaccin, ceux-ci pourraient acquérir des mutations qui leur permettraient de produire les anticorps nécessaires étant capables de reconnaître la présence du virus dans le sang et empêcher l’infection.
Dans cette première phase, les chercheur‧euses ont mis au point un vaccin contenant une nanoparticule protéinique qui serait en théorie capable de se lier aux lymphocytes B naïfs. Les résultats sont encourageants, car 35 participant‧es sur 36 ont produit les lymphocytes B désirés. Ces découvertes devraient être examinées et soumises à une revue par les pair‧es au courant de l’été 2021. Malgré cette nouvelle encourageante, beaucoup de travail reste à faire avant d’arriver à trouver les anticorps permettant aux cellules de se défendre efficacement contre le VIH et ces variants.
Les prochaines étapes de l’essai seront développées en partenariat avec Moderna, qui réalisera des essais avec un vaccin à base d’ARN messager. L’usage de cette technologie permettra d’accélérer le processus de mise au point du vaccin.
En attendant le vaccin
Il y a plusieurs stratégies efficaces qui existent afin de prévenir la transmission du VIH. La prise de médicament antirétroviral (PrEP) avant et après les activités sexuelles a démontré une grande efficacité lorsqu’elle est prise telle que prescrite. Pour plus de détails visitez notre site maprep.org.
Si vous pensez avoir été exposé‧es au VIH, il est possible d’obtenir un médicament (PPE) qui peut prévenir la transmission du virus jusqu’à 72 heures après l’activité sexuelle.
Enfin, le traditionnel port du condom (interne ou externe), lorsqu’il est utilisé efficacement, est également reconnu comme une stratégie efficace pour la prévention des ITSS en général.
Article rédigé par: Justine Massicotte
Sources :
- BUHL, Larry (2021). There Is No HIV Vaccine Yet. But New Research Could Bring Us One Step Closer. TheBody: The HIV/AIDS Resource. Repéré à : https://www.thebody.com/article/new-research-findings-could-lead-to-hiv-vaccine
- ESPARZA, J. (2013). What Has 30 Years of HIV Vaccine Research Taught Us? Vaccines (Basel), v.1(4). Repéré à : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4494212/
- HIV Prevention Trials Network (2021). Most advanced clinical trials testing broadly neutralizing antibody against HIV demonstrate efficacy against sensitive strains. Repéré à : https://www.hptn.org/news-and-events/press-releases/most-advanced-clinical-trials-testing-broadly-neutralizing-antibody
- IAVI Research (2021). First-in-human clinical trial confirms novel HIV vaccine approach developed by IAVI and Scripps Research. Repéré à :https://www.iavi.org/news-resources/press-releases/2021/first-in-human-clinical-trial-confirms-novel-hiv-vaccine-approach-developed-by-iavi-and-scripps-research
- National Institutes of Health (2020). NIH launches clinical trials network to test COVID-19 vaccines and other prevention tools. Repéré à https://www.nih.gov/news-events/news-releases/nih-launches-clinical-trials-network-test-covid-19-vaccines-other-prevention-tools
- ONUSIDA (2021). Dernières statistiques sur l’état de l’épidémie de sida. repéré à : https://www.unaids.org/fr/resources/fact-sheet
- SOHN, Emily (2021). Vaccin contre le VIH : nouvel espoir après quarante ans de recherche. National Geographic. Repéré à : https://www.nationalgeographic.fr/sciences/vaccin-contre-le-vih-nouvel-espoir-apres-quarante-ans-de-recherche
- KELLY YEO, P. (2021). Moderna’s mRNA technology could help in the decades-long search for an HIV vaccine. Insider. Repéré à : https://www.businessinsider.com/new-hiv-vaccine-could-be-moderna-mrna-success-story-2021-4