La mpox (variole simienne) est-elle disparue ?

Bien qu’on n’en entende plus vraiment parler en ce moment, la mpox n’est toujours pas éradiquée; par exemple, au cours des 3 dernières semaines (du 3 au 23 avril 2023), 15 pays ont rapporté une hausse du nombre de cas de mpox sur leur territoire, et 16 décès ont été signalés (1). Les mystères qui entourent cette infection perdurent aussi. En effet, la recherche dans le domaine de la santé prend du temps, particulièrement lorsque les chercheur·euses tentent de comprendre de nouveaux Virus, maladies ou phénomènes. Certaines de nos questions en lien avec la mpox sont donc toujours sans réponse pour le moment.

Le 19 mai 2022, une éclosion de mpox a été déclarée au Québec. À partir de ce moment, les communautés se sont mobilisées de façon concertée, ce qui a entraîné d’importantes retombées positives en matière de prévention. Par exemple, il était possible de se  faire vacciner dans les rues ou dans les bars de Montréal. Les mots «variole simienne», «monkey pox» ou «variole du singe» étaient sur toutes les lèvres. Les médias sociaux ont aussi été porteurs d’un mouvement magnifique, et assez extraordinaire. Les photos en ligne, les messages et les vidéos de certaines vedettes ou d’autres membres de nos communautés témoignaient de la fierté d’avoir eu accès à la vaccination mpox.

Et puis, le silence fut. Un silence qui peut faire peur, surtout après le grand mouvement de sensibilisation que nous avons connu. Aujourd’hui, on nous demande parfois si la mpox existe toujours. Et la question se pose : que s’est-il passé depuis l’été dernier?

La mobilisation communautaire que nous avons observée a été essentielle pour réduire la propagation de la mpox. Les chiffres le démontrent: plus de 40 000 personnes ont reçu la première dose du vaccin dans la province (2). Si l’on ne peut pas nécessairement établir un lien direct de cause à effet («causalité») entre ce mouvement communautaire et le nombre de vaccins administrés, il demeure clair que la sensibilisation a permis à de nombreuses personnes d’être mieux informées, et de prendre la décision de recevoir 1 ou 2 doses du vaccin. Après l’été 2022, le nombre de cas probables ou confirmés a diminué, et le sujet de la mpox a perdu en popularité, jusqu’à ne plus entendre le mot dans les médias ou dans les évènements. Il est vrai qu’il y avait moins de nouveaux cas; le 14 février 2023, la fin de l’éclosion mpox a même été annoncée au Québec.

Or, il est faux de croire que cela signifie que nous pouvons  désormais cesser toutes activités de sensibilisation ou de prévention.

La situation actuelle au Québec

Il y a eu 3 nouveaux cas au Québec depuis la fin de l’éclosion mpox (3). Ces nouveaux cas proviendraient, entre autres, d’autres provinces et pays. En effet, dans plusieurs régions du monde, la mpox est dite «endémique», c’est-à-dire qu’elle est présente de manière «habituelle» ou «persistante» dans ces régions (vs. «épidémie», qui réfère à une hausse de cas inhabituelle et rapide sur un territoire). Le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie d’ailleurs la mpox d’«urgence de santé de portée internationale». C’est pourquoi il est primordial de continuer les efforts de vaccination et d’éducation en adoptant les mesures de santé publique nécessaires pour réduire la propagation de l’infection et en favorisant l’engagement communautaire.

Des mises à jour sur l’état de la situation au Canada sont régulièrement disponibles: https://sante-infobase.canada.ca/mpox/

Le rôle du Portail VIH/sida dans la lutte contre la mpox est de permettre à la population de faire un choix libre et éclairé en lien avec la vaccination. Nous travaillons afin de rendre accessible la vaccination dans les régions plus éloignées de Montréal comme Sherbrooke, Québec et l’Outaouais. Nous croyons fermement que tout le monde a le droit d’avoir accès à des services et à des soins de santé, et ce, sans préjugés, stigmatisation ou discrimination. Notre vision est principalement axée sur le soutien, l’information et l’éducation en lien avec la mpox. Notre service de notification des partenaires anonyme est d’ailleurs nouvellement disponible pour la mpox. Ce service permet de notifier les personnes qui ont eu des contacts rapprochés avec une autre personne Symptomatique ou positive à la mpox afin qu’elles puissent surveiller à leur tour l’apparition de symptômes. Ces activités et services communautaires contribuent à réduire le nombre de nouveaux cas, et à rendre plus accessibles les services de santé. 

Bon à savoir !

Modes de transmission et symptômes de la mpox

La transmission de la mpox se fait généralement de manière «interhumaine», c’est-à-dire entre les humains. Cette transmission se fait via le contact direct avec une surface muqueuse comme les yeux, la bouche, la gorge, les organes génitaux, la zone périanale ou des lésions cutanées, ou au contact de liquides organiques et biologiques, comme le sang et la salive. La transmission peut aussi se faire par gouttelettes, par exemple via la toux ou les éternuements, ou pendant la grossesse (de la personne enceinte au fœtus). Les activités qui favorisent le plus la transmission de la mpox sont la prestation de soins de santé, la cohabitation et les contacts sexuels.

La mpox peut aussi être transmise par les contacts avec des animaux porteurs du virus, par exemple par une morsure, égratignure, léchage, ou au contact direct avec des liquides organiques et biologiques. Certaines activités comme la manipulation d’animaux, le dépeçage, la chasse et la tannerie augmentent la probabilité de transmission. Selon les informations actuelles, il serait également possible qu’un humain transmette la mpox à un animal de compagnie, et vice-versa; des précautions doivent donc être prises si une personne ressent ou présente des symptômes de la mpox et qu’elle est en contact étroit avec un animal.

Finalement, la transmission peut se faire «par vecteur», c’est-à-dire au contact direct avec des vêtements ou des tissus contaminés, ou avec des objets touchés par une personne ou par un animal symptomatique. Tous les types d’objets peuvent être contaminés, notamment les objets sexuels, la literie, les ustensiles pour la cuisine et les surfaces.

Plusieurs symptômes peuvent être liés à la mpox, surtout des symptômes systémiques comme la fièvre et les maux de tête. Il est possible d’observer un gonflement des ganglions, que ce soit d’un seul côté du corps ou les deux côtés. Des douleurs articulaires et musculaires peuvent être ressenties.  Le symptôme le plus commun est une éruption cutanée, qui se manifeste habituellement 1-3 jours après l’apparition de la fièvre. Des boutons, ou «lésions» peuvent apparaître sur toutes les parties du corps, mais on les retrouve souvent au niveau du visage et des extrémités (les mains par exemple).  Les lésions changent d’apparence au fil du temps: l’image suivante illustre les différentes étapes de l’évolution de l’éruption.

Cette image est composée de six photos qui illustrent les changements dans une lésion de la mpox pendant la progression de la maladie. Il y a trois photos en haut, et trois en bas. On peut suivre la progression de l'éruption cutanée en regardant les images du coin supérieur gauche au coin inférieur droit, de gauche à droite. Chaque photo illustre une seule lésion. La photo dans le coin supérieur gauche illustre une petite vésicule arrondie. La peau entourant la vésicule est rougie. La photo en haut, au centre, illustre une pustule avec une base érythémateuse. La photo dans le coin supérieur droit illustre une pustule ombiliquée (pustule avec dépression centrale). La photo dans le coin inférieur gauche illustre une lésion ulcéreuse. La photo en bas, au centre, illustre une lésion ulcéreuse qui a commencé à se recouvrir d'une croûte. La photo dans le coin inférieur droit illustre une lésion dont la croûte est en partie détachée, révélant une peau cicatrisée en dessous.
Image tirée de «Mpox (variole simienne): Pour les professionnels de la santé» , Gouvernement du Canada (4)

Lorsque la «croûte» des lésions tombe d’elle-même, cela signifie la fin de la période de contagion. La fin de la période d’isolement peut alors être confirmée par un·e professionnel·le de la santé.

Pour des informations plus précises, vous pouvez consulter notre   dédiée à la mpox:  https://pvsq.org/mpox/

Bon à savoir !

VIH et mpox: prudence, mais sans trop s'inquiéter

Pour le moment, les connaissances en lien avec la Co-infection VIH et mpox sont limitées. Des études sont en cours afin de vérifier si les conséquences de la mpox sont plus graves pour les personnes vivant avec le VIH, ainsi que pour confirmer si la probabilité de contracter l’infection est augmentée. En effet, certaines études concluent qu’il pourrait être possible que le VIH augmente la probabilité de contracter la mpox, et que les symptômes pourraient être plus importants pour les personnes vivant avec le VIH (4, 5).

Ces occurrences  s’observent  surtout dans le cas où une personne n’a pas accès à un traitement contre le VIH et que son Système immunitaire est affaibli. Une Charge virale indétectable permet d’avoir un meilleur système immunitaire et d’être moins vulnérable aux autres infections, y compris la mpox. Les répercussions de l’infection sont en effet beaucoup moins importantes lorsque le système immunitaire est en bon état.

Un moyen de prévention efficace contre la mpox est la vaccination. Recevoir les 2 doses du vaccin offre une couverture vaccinale maximale, ce qui permet de réduire grandement la probabilité de contracter l’infection. La deuxième dose du vaccin est fortement conseillée pour les personnes immunodéprimées, ou pour les personnes vivant avec des maladies chroniques.

Ce que le futur nous réserve

Naviguer dans l’incertitude n’est jamais plaisant, en particulier lorsque notre santé est en jeu. Nous devons cependant laisser du temps à la science pour qu’elle puisse apprivoiser adéquatement les nouvelles réalités de la mpox. Entre-temps, la vaccination reste un allié important dans la lutte contre cette infection, tout autant que le partage des connaissances. Pour la suite, le Portail VIH/sida mise sur 3 cliniques ponctuelles de vaccination qui se dérouleront dans la région de Québec et de l’Outaouais. Les détails sont à venir au cours des prochaines semaines. En tant qu’organisme, nous sommes toujours présent·es, que ce soit pour répondre à des inquiétudes, des questionnements ou des clarifications. Nous n’avons pas oublié le mouvement de collectivité de l’année dernière.

Pour communiquer avec notre équipe d’intervention, composez le (514) 523-4636 ou, sans frais à l’extérieur de Montréal, le 1-877-Portail (767-8245). Nous sommes également joignables par courriel au : intervention@pvsq.org

Pour toutes questions au sujet de la mpox ou de la vaccination, vous pouvez aussi contacter Maude, chargée du projet pour la vaccination provinciale contre la variole simienne: mpox@pvsq.org

Références

(1) OMS- Multi-country outbreak of mpox, External situation report #21 – 27 April 2023 https://www.who.int/publications/m/item/multi-country-outbreak-of-mpox–external-situation-report-21—27-april-2023

(2) INSPQ- L’INSPQ mène une étude novatrice sur l’efficacité du vaccin contre la variole simienne https://www.inspq.qc.ca/nouvelles/l-inspq-mene-etude-novatrice-sur-l-efficacite-du-vaccin-contre-variole-simienne

(3) Santé Montréal – Mise à jours épidémie mpox https://santemontreal.qc.ca/professionnels/actualites/nouvelle/mise-a-jour-epidemie-de-mpox/

(4) O’Shea et al. (2022). “Interim Guidance for Prevention and Treatment of Monkeypox in Persons with HIV Infection https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7132e4.htm

(5) Ortiz-Saavedra et al. (2023). “Epidemiologic Situation of HIV and Monkeypox Coinfection: A Systematic Review” https://www.mdpi.com/2076-393X/11/2/246

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