SEMER LE DOUTE
Conspirations, théories alternatives et VIH
Un balado du Portail VIH/sida du Québec
«Semer le doute; VIH et conspirations» est un balado («podcast») produit par le Portail VIH/sida du Québec, avec le soutien de Gilead Sciences et ViiV Healthcare.
Description – «Semer le doute: VIH et conspirations»
Considéré comme l’une des pires épidémies de l’histoire, le sida a causé plus de 36 millions de morts dans le monde. Aujourd’hui, grâce aux avancées scientifiques, il est maintenant possible de vivre avec le VIH et d’être en bonne santé. Pourtant, certaines personnes continuent de croire que le VIH/sida est le résultat d’un complot impliquant les gouvernements, Big Pharma et la communauté scientifique. Divisé en quatre chapitres, ce balado explore les origines de ces théories conspirationnistes et les raisons qui pousseraient quelqu’un à y croire.
Réalisation : Just Massicotte
Narration : Guillaume Tremblay-Gallant
Musique d’introduction et de conclusion : Laure Brisson
Musique: Blue Dot Sessions
Montage: Just Massicotte
Mixage: Just Massicotte et Laure Brisson
Traduction et Doublage : Stella Gasirabo
Image: Rena Jamaleddine
Enregistré dans les studios de FiertéMTL et de les3sex*
*** Si vous avez des questions en lien avec les thèmes abordés dans le balado, vous pouvez contacter Just Massicotte à : contenus@pvsq.org ***
Avec les intervenant‧e‧s invité‧e‧s:
● René Légaré, coordonnateur des communications à la COCQ-SIDA et ex-directeur général de la Clinique l’Actuelle.
● Joseph Jean-Gilles, directeur de Gap-VIES.
● Jacques Pépin, médecin-infectiologue et auteur du livre « Aux Origines du sida: enquête sur les racines coloniales d’une épidémie».
● Marvelous Muchenje, responsable des relations avec les communautés chez ViiV Healthcare
● Sophie Prophète, pharmacienne à l’Hôpital Notre-Dame.
● Martin Geoffroy, sociologue et chercheur principal au Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR).
● Marie-May Chrisostome, coordonnatrice des soins et de l’action bénévole à GAP-VIES.
Ce balado n’aurait pas pu voir le jour sans la contribution des invité·es, qui ont si généreusement accepté de partager leur sagesse et leurs expertises avec nous.
Nous tenons les remercions sincèrement pour leur participation
Chapitre 1:
Les Théories en Question
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Dans cet épisode
Une conspiration enracinée dans l'histoire
Définitions et Concepts
Une conspiration renvoie à une entente secrète entre plusieurs personnes qui vise à tromper volontairement les personnes externes au groupe dans le but de le dominer, de l’arnaquer, d’attenter à sa vie ou de compromettre sa sûreté.
Les théories conspirationnistes permettent souvent aux personnes qui se croient victimes d’un tel complot de s’expliquer et de mieux comprendre une réalité illogique, incomprise ou injuste qui les touche.
Se dit d’un trouble , d’une pathologie ou d’une maladie provoqués par un acte médical ou par les médicaments.
Dans le contexte historique où la transmission des infections par le sang ou les injections était encore inconnue, la médecine coloniale a fortement accéléré la transmission du VIH entre les humains et sa propagation au-delà des régions où il existait à l’état de zoonose.
Pseudo-science par laquelle un groupe cherche à établir sa suprématie sur un autre. En contexte occidental, historiquement la racisme scientifique visait à justifier la suprématie des personnes blanches sur les personnes noires ou autochtones.
Le racisme scientifique a des effets graves sur la vie des personnes qui en sont la cible. Elle occasionne de la souffrance, traumatismses, et de la méfiance envers les institutions médicales et scientifiques.
Expression utilisée par la communauté scientifique des années 1980 pour désigner les communautés les plus touchées dans les données épidémiologiques sur le VIH aux États-Unis, soit les « homosexuels, les hémophiles, les héroïnomanes et les haïtiens ».
Bien que les modes de transmission du VIH soient encore inconnus à cette époque, les médias s’approprient le terme «4H» et l’utilisent pour catégoriser les groupes qu’il désigne comme responsables de l’état de crise. Ce biais discriminatoire a engendré de graves répercussions sur celles et ceux qui avaient contracté l’infection ou qui étaient simplement associés à ces communautés.
La sérophobie est un phénomène qui s’observe lorsque l’entretien d’idées fausses ou erronées à propos du VIH-sida qui mènent à la discrimination, à la stigmatisation et au rejet des personnes séropositives.
Dans un contexte où les médicaments antirétroviraux permettent aujourd’hui aux personnes qui vivent avec le VIH de vivre longtemps et en bonne santé, on considère aujourd’hui que c’est la sérophobie qui représente le plus grand obstacle à la qualité de vie et à la santé des personnes séropositives.
Pour aller plus loin
Chapitre 2:
Les Dissidents
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Dans cet épisode
Définitions et Concepts
Le «lien de causalité» décrit un lien qui unit une cause à un effet.
La «causalité» est différente de la «corrélation», qui réfère à une relation entre deux phénomènes ou variables, mais qui ne sous-entend pas que l’un soit la cause de l’autre. D’un point de vue scientifique, un lien de causalité est beaucoup plus difficile à établir qu’un lien de corrélation, et nécessite l’utilisation de méthodes scientifiques, expérimentales et statistiques extrêmement rigoureuses.
Une forte corrélation entre 2 phénomènes peut parfois indiquer un lien de causalité, mais pas nécessairement; en effet, c’est souvent le hasard ou encore la présence d’un troisième élément qui explique en fait un lien apparent entre 2 choses. Par exemple, si l’on observe bel et bien un lien entre l’augmentation de la vente de crèmes glacées et l’augmentation des coups de soleil rapportés au Canada, on comprend que cette relation exprime un lien corrélation, la causalité de l’un comme de l’autre étant plus probablement l’augmentation des heures d’ensoleillement au pays.
Réfère à quelque chose qui est inoffensif, ou du moins, qui n’est pas nuisible pour l’humain. Par exemple, dans le domaine de la recherche en santé, on teste l’innocuité des vaccins ou des médicaments afin de s’assurer qu’ils ne sont pas toxiques pour les personnes qui les utilisent.
Au Canada, l’innocuité d’un produit de santé doit être démontrée à la Direction des produits de santé commercialisés (DPSC) avant de pouvoir être vendu au pays.
Les médicaments pour le VIH modernes sont si efficaces qu’il devient possible, grâce traitement, d’atteindre une Charge virale dite «indétectable», c’est-à-dire que le nombre de copies du VIH dans le sang d’une personne est tellement réduit qu’on ne plus le quantifier pendant les tests sanguins. Le maintien d’une charge virale «indétectable» permet de protéger le Système immunitaire d’une personne qui vit avec le VIH : son système reste fort, et la personne est en excellente santé!
Plusieurs études (Partner1&2, Opposites Attract et HPTN052) ont démontré que lorsque le VIH devient « indétectable », le nombre de copies du virus qui circulent dans le sang est si faible qu’il ne peut être transmis pendant les rapports sexuels sans condom («intransmissible«), d’où le message «Indétectable=Intransmissible» !
Originellement, le négationnisme est une doctrine niant la réalité de la Shoah, c’est-à-dire le génocide des personnes juives par les nazis pendant la 2e guerre mondiale.
Aujourd’hui, on utilise aussi le terme «négationnisme» pour référer aux théories qui cherchent à nier l’existence d’autres génocides, massacres ou catastrophes ayant causé la perte de nombreuses vies humaines.
Pour aller plus loin
Chapitre 3:
Rhéthorique du Complotisme
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Dans cet épisode
Rôles clés d'une conspiration
Définitions et Concepts
Réfère au phénomène qui se produit lorsqu’une personne qui prédit ou qui s’attend à un événement modifie ses comportements ou ses interprétation du passé en fonction de sa prédiction, ce qui a pour conséquence de faire advenir la prophétie.
Ce phénomène aussi parfois connu sous les noms «self-fulfilling prophecy», «effet pygmalion», ou «effet Rosenthal».
Phénomène qui se produit lorsqu’une personne homosexuelle accepte comme vrais et intériorise les stéréotypes négatifs et homophobes véhiculés dans son groupe social.
L’homophobie intériorisée peut se traduire par des sentiments comme la honte, la culpabilité ou la colère, par une attitude de rejet et de mépris des autres personnes homosexuelles, ou par des tentatives d’ignorer ou de refouler son Orientation sexuelle. La frustration vécue face à sa propre orientation peut même motiver des comportements agressifs ou violents envers soi-même ou envers les autres personnes homosexuelles.
Actuellement, les personnes vivant avec le VIH au Canada ont l’obligation légale de révéler leur statut sérologique à leurs partenaires sexuels avant une relation avec pénétration non-protégée par un condom. Une personne vivant avec le VIH peut être reconnue coupable d’agression sexuelle grave pour ne pas avoir divulgué son statut, et est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à vie, en plus d’être inscrite au Registre national des délinquants sexuels. Il n’est pas obligatoire qu’il y ait eu une intention de transmettre le virus, ni qu’il y ait bien eu une transmission réelle du virus au partenaire sexuel pour être reconnu coupable.
Non seulement cette position ne tient pas compte du consensus scientifique autour du message «I=I» et nourrit la sérophobie à l’encontre des personnes vivant avec le VIH, mais nous savons aujourd’hui que la criminalisation du VIH représente un obstacle substantiel aux efforts de prévention et de dépistage du virus. Il s’agit d’un fait d’autant plus tragique lorsque l’on sait qu’au Canada, la très grande majorité des nouveaux diagnostics de VIH sont attribuables à des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique, et non à des personnes qui se savent séropositives et qui ne prennent pas les précautions nécessaires pour éviter la transmission.
Pour aller plus loin
Chapitre 4:
Au-delà du Discours
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Dans cet épisode
Lutter contre les discours négationnistes
Définitions et Concepts
Schémas de pensée faussement logiques et extrêmement communs qui permettent à une personne de maintenir ses croyances de base, malgré la présence d’éléments concrets contradictoires. La plupart des personnes entretiennent inconsciemment certains biais cognitifs.
Exemple de biais cognitif:
Abstraction sélective : tendance à ne retenir qu’un détail et à l’interpréter hors de son contexte.
Inférence arbitraire : Conclusions tirées sans preuve évidente et qui guident inconsciemment nos actions, par exemple lorsqu’on est convaincu de savoir ce qu’une autre personne pense alors qu’on ne lui a pas demandé.
Maximisation du négatif : Tendance à se souvenir principalement des évènements négatifs, à exagérer ses erreurs et minimiser ses points forts.
Étiquetage : Jugements définitifs que l’on porte sur soi-même ou sur les autres, et que l’on utilise pour placer les personnes dans des catégories rigides.
Relation de collaboration, de partenariat et de confiance mutuelle entre une personne et un·e intervenant·e. Le lien thérapeutique permet aux 2 personnes impliquées de travailler ensemble pour atteindre les buts souhaités de l’intervention, par exemple un retour à la santé ou un changement de comportement.
Les théories du complot naissent de la peur, de l’inconnu, d’un manque d’éducation ou de la transmission de mauvaises informations. Ces enjeux ont souvent pour cause l’inaction politique, la couverture politique biaisée ou maladroite, ou tout simplement, la haine de la différence.
Très souvent, les conspirations sont un symptôme d’une expérience négative avec la société. La prochaine fois que vous entendez un discours conspirationniste, questionnez-vous sur ce qui a amené la personne à y croire; vous découvrirez peut-être des raisons plus profondes qu’un simple refus de certaines normes.
En 1989, environ 300 activistes s’emparent de la scène pendant la cérémonie d’ouverture de la 5e conférence internationale sur le sida de Montréal pour présenter le ‘Manifeste de Montréal’. Leurs revendications sont simples : la réponse à l’épidémie de VIH-sida doit désormais s’articuler principalement autour des intérêts des personnes directement concernées par l’infection.
Les organismes membres de la COCQ-sida ont publié en 2022 une nouvelle version du manifeste, qui rappelle que, plutôt qu’un manque de connaissances scientifiques, c’est aujourd’hui le manque de ressources, la stigmatisation et les discriminations qui empêchent les personnes d’accéder à la prévention et aux soins requis au maintien de leur santé.
Pour aller plus loin
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