Vivre avec le VIH
La question du dévoilement du Statut sérologique est un gros enjeu. Doit-on le faire ou non ? Malheureusement, bien qu’aucune loi n’indique clairement l’obligation de dévoiler son statut sérologique à un·e partenaire, des poursuites judiciaires peuvent malgré tout survenir. C’est pourquoi le dévoilement de son statut peut générer beaucoup de stress, d’anxiété et susciter plusieurs questionnements.
Droits des PVVIH
Le dévoilement de son statut sérologique n’est obligatoire qu’à trois moments :
– Aux assurances, si la question est posée.
– Avant une relation sexuelle où il y a une “possibilité réaliste” de transmission du VIH.
– Lors du processus d’immigration au Canada.
En dehors de ces trois moments, le
dévoilement n’est pas obligatoire et demeure une décision personnelle. La
confidentialité est un droit fondamental concernant le VIH. Vous avez droit à
la confidentialité par rapport à votre statut sérologique. Un·e
professionnel·le de la santé ou un·e
intervenant·e doit protéger vos informations, que ce soit
pour le statut sérologique ou autre, et doit demander votre consentement avant
de partager quelque information que ce soit avec un·e
autre professionnel·le.
Pour plus
d’informations sur les aspects légaux, vous pouvez consulter le VIH Info-droit. Il s’agit
d’une équipe d’avocat·e·s spécialisé·e·s en VIH qui peuvent répondre à vos
questionnements.
Dévoilement ou non ?
Prendre la décision de faire un dévoilement ou non n’est pas facile. Pour vous aider à choisir si vous faites un dévoilement ou non, nous vous proposons d’utiliser un outil qui s’appelle la “balance décisionnelle”. Ce n’est pas la seule façon de prendre une décision, mais elle peut s’avérer utile. Il s’agit simplement d’une liste de “Pour et contre” à laquelle nous ajoutons une valeur.
Dans un premier temps, on fait la liste de tous les arguments en faveur d’un dévoilement et une autre liste pour tous les arguments contre le dévoilement. Dans un deuxième temps, on reprend chaque élément et on lui attribue une valeur, souvent de 1 à 10, selon l’importance qu’il a pour nous. Par exemple, le désir d’honnêteté peut valoir 8 pour une personne tandis que la peur de la réaction de l’autre peut valoir 10, etc.
Enfin, il suffit d’additionner le résultat des arguments “pour” et “contre” et voir quel côté l’emporte.
POUR
CONTRE
Avoir du
soutien de son·sa partenaire
10
Ne pas porter le poids du secret
10
Pouvoir trouver des moyens de se protéger pour avoir une vie sexuelle épanouie
10
TOTAL
30
Peur du rejet
7
Peur de se faire juger
5
Peur que la personne en parle
7
Peur de se faire poursuivre
8
TOTAL
27
Dévoilement ou non ?
Dans le cas où vous décidez de faire un dévoilement, sachez qu’il y a différentes manières pour y arriver. Ce qu’une personne est à l’aise de faire, une autre ne l’est peut-être pas. Voici donc quelques pistes de réflexion pour faciliter le dévoilement. Nous vous suggérons de commencer par identifier des personnes à qui vous souhaitez le dire. À qui voulez-vous le dire ?
La motivation
Une fois que vous avez identifié la·les personne·s à qui vous voulez parler de votre statut sérologique, il est possible d’aller vérifier vos motivations personnelles à faire ce dévoilement. Qu’est-ce qui vous encourage à en parler ? Pour pousser votre réflexion plus loin, qu’est-ce qui vous motive à en parler à cette·ces personne·s en particulier ? Déjà, en identifiant ces éléments, vous aurez une meilleure idée de la manière d’aborder la discussion. Par exemple, si vous souhaitez en parler à votre partenaire parce que vous vous sentez en confiance dans votre relation, il est possible de commencer la discussion en disant à la personne que vous vous sentez en confiance et que vous souhaitez lui faire part d’une situation que vous vivez. De plus, il est recommandé d’identifier ce que vous souhaitez retirer de ce dévoilement. En plus d’identifier vos attentes personnelles, il serait intéressant d’identifier vos attentes pour l’autre. Qu’est-ce que vous espérez de la part de l’autre suite au dévoilement ?
Le message
Tout d’abord, il est possible de réfléchir au message que vous souhaitez transmettre. La manière dont sera présenté le sujet peut causer du stress. Pour certain·e·s, ce sera fait de manière plus ou moins explicite. Par exemple, en laissant un dépliant sur le VIH, en allant faire un test de dépistage avec son·sa partenaire, en testant le terrain pour évaluer la réaction de l’autre afin de bien construire son message, en construisant une discussion sur le VIH afin de voir la réaction de l’autre et s’adapter, en laissant sa médication (antirétroviraux, s’il y a lieu) en vue, etc.
ÉVITER
Infecté
Risque de transmission
Contagieux
“J’ai attrapé le VIH”
SUGGÉRER
Porteur/porteuse ou personne vivant avec le VIH
Possibilité de transmission
Transmissible
« J’ai le VIH» ou « Je vis avec le VIH »
Ensuite, certaines personnes peuvent vous questionner suite à votre dévoilement. Ces questions peuvent être intrusives et parfois même, porteuses de jugement. Il serait intéressant de s’y préparer, par exemple en s’informant et lisant sur le Virus. Internet peut être une bonne source d’information, mais il est important de rester vigilant·e face aux informations retrouvées. Souvent, des sites Web se servent d’exemples extrêmes pour capter l’attention sur un sujet. Il est pertinent de vérifier les sources d’informations des sites afin de voir si elles sont crédibles et officielles.
Pour de l’information sur le VIH, vous pouvez consulter notre page sur le VIH. le site du Gouvernement du Québec, le site de la Clinique l’Actuel.
Vous pouvez également nous contacter pour trouver des réponses à vos questions.
Identifier vos limites
Il est pertinent d’identifier vos limites. Par exemple, le contexte dans lequel la transmission a eu lieu, les impacts que cela a eu sur vous, etc. Prenez également en considération ce que vous savez des connaissances de l’autre par rapport au virus. Lors d’un dévoilement, vous n’êtes pas obligé·e de tout dire si vous n’êtes pas à l’aise de partager certaines informations personnelles. De plus, vous n’avez pas à jouer le rôle de spécialiste si vous ne vous sentez pas à l’aise d’éduquer votre·vos partenaire·s sur le virus. Il peut être pertinent de connaître certaines informations, mais vous n’êtes pas obligé·e de tout connaître sur le VIH. Vous pouvez cibler des ressources (comme le Portail VIH/sida du Québec) que votre·vos partenaire·s pourront contacter s’iels se posent des questions plus pointues.
Le contexte
Au niveau du contexte, l’endroit et le moment peuvent être planifiés. Pour l’endroit, vous pouvez identifier où vous vous sentez le plus en confiance et en sécurité, que ce soit en personne (chez soi, chez votre partenaire, etc.) ou à distance (par téléphone, par texto, par courriel, par Skype/FaceTime, etc.). Demandez-vous à quel moment vous êtes le plus à l’aise d’en parler : au début de la rencontre ou à la fin, etc.
Restez sensible à l’état de votre partenaire afin de savoir s’iel est disposé·e à vous écouter lors du dévoilement. Si la personne a eu une mauvaise journée ou une mauvaise nouvelle récemment, il se peut qu’iel soit moins réceptif·ive.
Un élément important est d’être à l’écoute de soi-même. Il est important de se questionner à savoir si vous êtes prêt·e à faire ce dévoilement et si vous êtes à l’aise de le faire. Êtes-vous disponible en ce moment pour recevoir les émotions de l’autre ? Si vous avez eu une mauvaise journée, il est probablement mieux d’attendre à un autre moment. Voilà quelques conseils et pistes pour guider votre réflexion et votre préparation au dévoilement de votre statut sérologique si vous souhaitez le faire.
Vous souhaitez aviser votre·vos partenaire·s de manière anonyme et gratuite ?
Si vous choisissez de ne pas dévoiler
Une personne vivant avec le VIH n’a pas à faire de dévoilement avant une relation sexuelle lorsque ces deux conditions sont réunies:
– La Charge virale est de moins de 1500 copies/ml de sang.
– Il y a port d’un condom.
Pour ce qui concerne le dévoilement qui n’implique pas de relations sexuelles, en dehors des deux autres moments nommés plus haut (aux assurances ou lors du processus d’immigration), vous n’avez aucune obligation de le dire si vous ne vous sentez pas à l’aise de le faire.
Pour plus d’informations sur les aspects légaux, vous pouvez consulter le VIH Info-droit. Il s’agit d’une équipe d’avocat·e·s spécialisé·e·s en VIH qui peuvent répondre à vos questionnements.